Guardia, resguà¡rdeme
Dans les rues de Mexico, le nombre d’agents travaillant pour des firmes de sécurité privées est évalué à 12 000. Ces organisations seraient environ 10 000 au Mexique, mais pour l’année 2000, seulement 2 984 détenaient un permis en règle. On y retrouve une variété de "produits", tels des gardes du corps armés, chauffeurs d’élite, véhicules blindés, systèmes de surveillance radio et vidéo, etc. Partout, des guardaespaldas font le guet pour un salaire très variable (incluant parfois des tickets de nourriture ou l’uniforme, parfois encore, se résumant à ces seuls bonus). Dans la rue Moneda, se trouve une des nombreuses friperies spécialisées en uniformes de toutes sortes. Un grand pourcentage de travailleurs cumulant les rà´les ou encore passant de l’un à l’autre, il est devenu pratiquement impossible de distinguer le flic du gardien de sécurité ou du criminel. En 1998, l’assemblée législative déclarait que ces gardes privés étaient désormais plus nombreux que les représentants des forces de l’ordre.
Dans les rues de Mexico, une gringa marche, l’objectif d’une caméra de surveillance planté dans son chapeau. Faisant désormais partie du quadrillage urbain, cet Å“il discret est issu d’une technologie de plus en plus prisée : il faut bien protéger la vie privée ou la propriété privée, devenues synonymes. Outil à l’origine floue (corps policiers, industries privées, individus...) et aux destinataires improbables (regardent-ils ?), mécanique autonome : nulle biographie ne brouille l’image. On ne se méfie jamais assez de l’interférence des défaillances humaines.
La rencontre des deux stratégies de contrà´le, un garde, une caméra, se fera autour de la place publique, Plaza de la Constitucià³n, the Plaza Zà³calo. Elle le cherche, avance lentement vers lui. Ces deux instruments se heurtent, leur fonction s’est déplacée. Dans un frà´lement de ces dispositifs d’observation, le contact est bref, s’inscrivant dans la persistance rétinienne. Une brèche furtive s’est créée. Un court instant, l’Å“il a glissé. Car la marche a bifurqué. La marche bifurque toujours.
On emporte avec soi ses outils. On porte en soi ses tactiques. Mon corps n’est pas un terrain neutre. Et le tien non plus d’ailleurs. Nous guettons. Il faut bien se protéger, mon amour.
Guardia, resguà¡rdeme.
Expositions :
2005 Territoires urbains, Musée d'art contemporain de Montréal
2006 Oakville Galleries, Oakville

Guardia, resguà¡rdeme, 2005
Image tirée de l'installation vidéo

Guardia, resguà¡rdeme, 2005
Image tirée de l'installation vidéo

Guardia, resguà¡rdeme, 2005
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Guardia, resguà¡rdeme, 2005
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Guardia, resguà¡rdeme, 2005
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